BIG THUNDER MOUNTAIN

BIG THUNDER MOUNTAIN

Enveloppe et sculptage


Big Thunder Mountain à Disneyland Resort Paris est la plus grande des quatre versions dans le monde. Le travail sur la roche est réalisé d'après une étude de la roche située dans la "Monument Valley" en Arizona. Il s'agit de recréer une formation naturelle de grès. Il faudra un an et demi pour réaliser les travaux de sculptage, avec un effectif de plus de 50 hommes de métier... Considérée comme la plus fastidieuse et la plus délicate, cette étape dans la réalisation de la montagne demeure très significative dans le rendu. Le façonnage de la roche, appelé aussi "Rockwork", sort de l'ordinaire. Jusqu'ici le chantier pouvait être considéré comme banal puisqu'il consistait à l'assemblage de poutres et de grillages, et ce malgré sa disposition pour le moins étrange... Cette ultime phase des travaux est dirigée par une personne des plus compétentes dans le domaine de la reconstitution de roche. Il s'agit de Zsolt Hormay, fondateur de son entreprise Hormay&Company, reconnu pour son fabuleux travail sur bien d'autres projets! La réalisation de Big Thunder Mountain sera un des plus conséquents.  
   
 
Monsieur Zsolt Hormay et ses hommes ont donc la lourde tâche de recréer une texture
rocheuse digne des montagnes de l'ouest Américain. Il est assisté par sept directeurs artistiques.
 
Jusqu'alors, les travaux répondaient à des plans précis, des données fournies au préalable par les ordinateurs et les ingénieurs. Désormais, la précision est telle que la fin de l'ouvrage demande un travail purement artistique, et sur place... Bien que l'apparence et les volumes soient déjà pris en considération avant le chantier, les petits détails de la roche, telles les fissures ou encore les strates ne pouvaient être anticipées à échelle réduite.
Voyons donc les procédés utilisés, de la projection du ciment à la peinture... Un travail titanesque!
 
Projection de ciment
Jusqu'ici nous savons que le chantier est constitué en majeur partie de cages d'acier, nous pourrions y voir au travers... En effet, le grillage à petit maillage utilisé est le meilleur moyen de permettre l'adhérence et la fixation du ciment frais. La structure porteuse est donc relativement légère comparé à la masse qu'elle devra supporter. C'est ainsi que le squelette portera des couches de ciments allant de 1 à 10 centimètres d'épaisseur pour une masse volumique approchant les 100 kilogrammes par mètre carré.
Il sera projeté sur Big Thunder Mountain plus de 4500 tonnes de ciment... soit une masse 7 fois plus importante que la structure porteuse. Pour information, le parc Disneyland Paris expose 90.000 mètres carré de rochers artificiels pour un total de 11.000 tonnes de ciments projeté. Big Thunder Mountain représente à lui seul quasiment la moitié de cette surface à peu de chose près.
Le grillage déployé ne donnant pas de lui même tout le relief nécessaire au rendu, ce sont les différentes épaisseurs de la couche de ciment qui joueront en cette faveur...
Les travaux de projection s'effectuent la plupart du temps en débutant aux sommets des différents reliefs afin de faciliter les déplacements ultérieurs pour le reste des travaux. La première manipulation consiste à amener la quantité de ciment nécessaire sur les cages d'acier. Cela est rendu possible grâce à de gros tuyaux fournissant ce ciment sous pression, issu des camions en contrebas. Le débit est assez impressionnant et demande un dosage précis pour chaque facette de l'édifice. Une seconde personne surveille la quantité déposée et étale de façon homogène le ciment sur le grillage. Ce travail avance malgré tout rapidement.
 
 
   
 
Le chantier divisé en deux étapes, a gauche la structure. A droite, le ciment
déjà projeté
 
   
  On aperçoit les cages d'acier partiellement
recouvertes de ciment. L'homme au centre étale
manuellement le ciment sur le grillage déployé.
 
     

 


Au premier plan, la fameuse arche... Remarquez l'absence de "roche" en son centre

Et voici cette même arche, sculptage terminé.

A la même période, les rames de train arrivent des Pays-Bas et sont livrés au niveau des staggings. La grue
est positionnée à la hauteur de ce qui sera plus tard l'attraction Keelboats.

 

Le sculptage
En second lieu, vient cette étape. Elle est immédiatement réalisée après la projection du ciment encore frais.
Alors que le ciment est désormais étalé grossièrement sur la cage d'acier, il faudra lui donner sa forme définitive... Pour ce faire, la cinquantaine d'hommes supervisés par Zsolt Hormay ont quelques minutes pour façonner la "roche" et la rendre crédible. Les outils les plus répandus sur le chantier pour y remédier sont la spatule, la brosse, l'éponge et quelques autres accessoires destinés à détailler la texture.
Le temps nécessaire pour donner le relief sera d'environ une heure pour un mètre carré réalisé.
Dans un premier temps, la couche de ciment est lissée en surface afin d'éviter d'éventuelles aspérités. Les outils simples comme ceux de la maçonnerie sont utilisés. La surface est ensuite brossée dans le sens horizontal, donnant à la texture une homogénéité parfaite. (Si vous avez l'œil regardez de plus près la roche, vous y verrez les traces laissées par les brosses!) 

On aperçoit les lignes laissées par le passage de la brosse...
Si besoin est, des détails seront ajoutés tels des fissures, des semblants d'éclats, de fragments de roche ou encore une ligne horizontale de stratification...
Pour ce genre de détails, il aura fallut prévoir une couche de ciment suffisante pour créer un relief, et donc travailler dans la profondeur de la couche. Dans le cas contraire, le sculpteur se retrouve nez à nez avec le grillage...
On retrouve quatre styles principaux de sculptage différent sur Big Thunder Mountain:
- Lisse
- Rugueux
- Accidenté
- Stratifié
       
Les surfaces lisses sont les plus évidentes à réaliser puisqu'elles sont constituées d'une couche de ciment n'excédant pas 3 centimètres d'épaisseur, épousant simplement le grillage. Ceci est le cas pour une bonne partie de la montagne.
Les autres surfaces font parti des éléments les plus remarquables car elles accentuent l'effet d'authenticité. Le travail fournit dans ce cas est donc beaucoup plus important et demande un soucis du détail très développé. C'est notamment le cas pour recréer les strates, très fortement constituées de reliefs...
Il faudra désormais attendre que le ciment durcisse et sèche pour passer à l'étape suivante. On recourra aux bâches pour éviter l'humidité en cas d'intempéries.
 
Peinture
Voici la dernière phase des travaux, la coloration de la montagne... Une surface énorme avoisinant les 35.000 mètres carrés, pour une totalité de 90.000 mètres carrés de roche artificielle sur Disneyland Resort Paris.Il faut donc recouvrir la montagne avec plus de 27.000 litres de peinture ocre, soit l'équivalent d'une piscine de 7 mètres sur 4 d'une profondeur de 1 mètre!


Sur cette vue aérienne, on remarque que plusieurs phases de travaux différentes ont lieu simultanément.
A gauche, nous sommes encore à l'étape de l'installation de cages d'acier avec, à divers endroits, la
projection de ciment. Sur la droite, et à partir du centre, les travaux de mise en peinture ont déjà commencé.

Le même avancement sous un autre angle...

La technique reste pour le moins assez simple, peindre à l'aide de pinceaux et d'aérographes et rien de plus... Cette peinture est divisée en plusieurs nuances, destinées à recréer des volumes en trompe-l'oeil ou encore rendre à la montagne une teinte la moins homogène possible. Dans la nature, la roche comporte rarement la même teinte sur toute sa surface. Ainsi on passera de la couleur Ocre, au jaune pâle ou encore au rouge-orange pour donner à l'édifice des nuances bien particulières.


Durant toute cette phase de mise en peinture, les rails du circuit seront protégés. Notez également la présence de véritables fragments de rochers dans le container qui seront installés dans les décors.
Contrairement aux autres versions de cette attraction, Big Thunder Mountain à Disneyland Resort Paris se voit appliqué d'une couche de peinture contenant un traitement spécifique. Il est destiné à retarder les méfaits de l'humidité, de la pluie, du soleil et du gel, car le climat de la région parisienne est assez variable et susceptible d'altérer la couche de peinture au fils des années. Mais une nouvelle coloration intégrale de la montagne sera inévitable. Elle devrait être répétée environ tous les 15 ans.
Cette peinture est également d'une densité très élevé, et il n'est pas improbable que certaines parties de l'édifice se sont vu recouvrir de plusieurs couches. Il va sans dire que certains endroits sont difficilement accessible et l'application de la peinture relève du défi...

Les travaux de peinture touchent à leurs fins... Ne reste que la partie la plus élevée protégée en partie par de
grandes bâches

 
Les travaux de peintures touchent à leurs fins...

 

Après plusieurs jours de séchage et de vérification, les échafaudages pourront être retirés.

 

Particularités
Parmi les différents points présentés plus haut, il subsiste quelques exceptions quant à la disposition et la création des éléments.
Les peintures présentes en tunnel varient:
-Les zones les plus sombres sont évidemment peinte en noir et virent progressivement à la couleur rencontrée en extérieur.
-Lors de l'ascension du lift A, le premier lift, les stalactites et stalagmites situées sur notre droite sont recouvertes d'une peinture aux reflets particuliers, voire argentés.
Quelques véritables pierres déposées ça et là renforcent la crédibilité de la réalisation.
Pour ceux qui ont l'oeil, on remarquera que les strates présentes à mi-hauteur sur la plus grande partie de la montagne sont réellement réalisées en relief alors que la même représentation au niveau supérieur ne sera que rendu grâce à l'utilisation d'une nuance de couleur. Cette photographie le présente:
 
 
En haut: La strate est recrée grâce à l'application d'une peinture plus pâle mais sans réel relief.
Plus bas, la strate est réellement réalisée en relief.

Ce que représentaient les couleurs vives de 1992, chantier terminé...